Evoqué lors du Conseil Municipal du 8 février 2016, le thème du logement social est, à Meylan, un sujet très sensible.

Monique Fraysse-Guiglini, membre de meyDIA et ancienne élue d'opposition, se trouvait dans la salle au moment d'une échange entre Philippe Cardin, élu AIMEylan, et Mme Viard-Gaudin, élue de la majorité.

Elle a souhaité réagir aux propos tenus par cette dernière, et lui a donc envoyé un courriel, dont voici la copie.

 

Madame,

J’étais dans le public lors de la séance du conseil municipal du 8 février dernier. J’ai donc écouté votre intervention qui portait sur le logement social dans la commune. Répondant à Philippe Cardin qui avait souhaité un quota de logements sociaux d’au moins 35% dans les nouveaux programmes immobiliers sur la commune, vous avez déclaré que vous ne pourriez jamais être d’accord avec lui, ni même avec la Metro qui "voudrait imposer un quota de 40 %".Vous avez ensuite rajouté que, même un quota de 25 %, vous aviez du mal à l’accepter… Je vous cite de mémoire mais c’est en tous cas le sens que j’ai compris de vos propos.

A vous entendre je me suis demandée quelle représentation vous vous faisiez des habitants des logements sociaux (tout de même plus de 11 millions de Français aujourd’hui…). S’agirait-il de protéger notre commune contre une horde d’envahisseurs ? Je dois vous le dire, j’ai été choquée par vos propos. Il est vrai que le logement social fait toujours débat… "Objet de rejet d’une partie de la société française, il alimente les peurs collectives, celles de la pauvreté, ( …) de la relégation, de la subversion. Ennemi de l’intérieur, il apparaît dans la géographie urbaine comme le lieu où se conjuguent toutes les tensions de la société, ses doutes sur elle-même, ses appréhensions d’un monde qui change ( …), sa peur de l’autre, de la différence." (J. et G. Lançon in "Lever les voiles").

Vous connaissez la situation de notre commune qui ne répond pas aujourd’hui aux exigences de la loi qui impose un quota de 25% de logements sociaux alors que nous sommes à peine au-dessus de 14% à Meylan.

Non seulement nous ne satisfaisons pas à la loi, mais cette situation est préjudiciable à la commune et a été présentée par Philippe Cardin. La difficulté d’accueillir des familles compte-tenu de la cherté du logement à Meylan ne permet pas à notre commune de maintenir une démographie satisfaisante et un équilibre générationnel. Elle conduit à une sous-représentation des classes sociales moins favorisées et génère des difficultés financières pour maintenir les équipements existants.

Le logement social a été créé pour améliorer les conditions de logement des couches populaires et moyennes et vise à répondre aux objectifs de mixité sociale définis par la loi. La France comptabilise nettement moins de logements sociaux que nombre de pays voisins (par exemple 147 logements sociaux aux Pays-Bas pour 1000 habitants, 102 au Danemark et en Autriche, 69 en France). Dans notre commune, le quartier des Béalières compte aujourd’hui environ 40 % de logements sociaux. S’il n’est pas exempt de problèmes, c’est aujourd’hui un quartier où il fait bon vivre et où il existe une vraie mixité sociale.

Vous avez mis l’accent sur la vacance des logements sociaux dans l’agglomération. C’est exact. La première cause de refus est liée à la localisation du logement et représente presque la moitié des refus exprimés. Elle n’est que le résultat des politiques de ghettoïsation menées par le passé. Les autres causes de refus sont liées aux caractéristiques et à la cherté du loyer. Par contre je crois qu’il n’y a quasiment pas de vacance des logements sociaux à Meylan, car en effet notre commune est attractive.

Depuis Henri Sauvage, Tony Garnier et Le Corbusier, ces pionniers de l’habitat moderne du début du xxe siècle, les architectes ont coutume de dire que le logement social est le laboratoire privilégié de l’architecture. Tenir compte des évolutions familiales et professionnelles tout en participant à la mutation de la ville est le nouvel enjeu du logement aux prises avec les grandes transformations de la ville “durable”. Alors oui, aujourd’hui il est possible de concrétiser des projets urbanistiques harmonieux, de qualité qui relèvent ces défis et celui du logement social. Aux élus de s’en convaincre et de faire évoluer les mentalités.

 Pour finir, le logement social est la concrétisation d'un projet républicain qui permet d’assurer par la loi les conditions d'une plus grande égalité entre tous les citoyens. Mais c’est aussi un projet moderne et actuel dans le domaine de l'urbanisme et de l'ingénierie sociale sur lequel j’aimerais voir notre commune s’engager…

Cordialement,