Monsieur le Président,

Les 2 associations meylanaises, Meydia et Les Verts de Meylan, tiennent à vous faire part de remarques sur le projet de PLUi soumis à enquête publique.

Ces dernières années ont vu une urbanisation mal maîtrisée sur Meylan, rendue possible par le PLU de la commune voté en 2012, en rupture avec la qualité de vie dont nous nous enorgueillissons. Nos deux associations ne veulent plus que cela continue ainsi. Elles ont donc analysé ce projet de PLUi et vous font part de leur avis.

 

Analyse globale

Ce projet de PLUi est, certes, ambitieux. Il a pour objectif de limiter l’étalement urbain non maîtrisé, c’est-à-dire la construction de logements dans des zones rurales ou périurbaines. En particulier il sanctuarise (et c’est une première) toutes les zones agricoles et conforte les trames vertes et bleues. Le PLUi vise donc à densifier la ville, ce qui peut paraître contradictoire avec le maintien d’une bonne qualité de vie et la préservation du caractère de ville nature de Meylan. Si la densification s’impose, car il faut construire de nouveaux logements, elle ne doit pas être synonyme d’entassement urbain. Densifier nos lieux de vie, c’est la possibilité de se déplacer plus facilement grâce à des réseaux de transport plus présents, c’est accroître la densité de commerces et favoriser le vivre ensemble grâce à des espaces publics de qualité. Mais il ne faut pas densifier n’importe comment, n’importe où, et il faut tenir compte des contraintes spécifiques à notre commune : peu de réserves foncières, zones inondables, très haut Meylan peu constructible… et surtout avoir une vision d’ensemble !
C’est sur ces éléments que nous allons décliner notre avis.

1. Densification

Le PLUi prévoit de densifier essentiellement sur les quartiers Buclos, Grand Pré, Ayguinards et Inovallée, parfois en autorisant le passage brutal de zones pavillonnaires en grands immeubles (UC1) et à l’inverse, en n’autorisant pas la construction de petits logements de deux étages (UD2) dans des zones pavillonnaires du Charlaix ou du haut Meylan.Nous pensons que l’effort de densification doit être modérément étendu aux autres quartiers de Meylan en respectant l’identité des quartiers.

Nous vous demandons donc d’émettre la réserve suivante au plan de zonage de Meylan, en classant en zone UD2 :

  • le quartier du Charlaix (repère 1 sur plan en annexe), permettant ainsi l’intégration de petits collectifs (R+2) ce qui était possible avec le PLU de 2012 et ne le serait plus avec le classement en UD3,
  • dans le Haut-Meylan, le secteur situé entre les avenues de Chartreuse et l’avenue des Sept Laux (repère 2 sur plan en annexe),
  • dans le Haut-Meylan, le secteur situé entre les avenues de Chartreuse et l’avenue des Sept Laux (repère 3 sur plan en annexe). Les contraintes (ruissellement, réseaux, voiries non adaptées...) ayant conduit la Métropole à classer en UD3/UD4 l’ensemble du Haut Meylan ne s’appliquent pas aux parcelles en bordure de ces deux avenues.
  • les secteurs pavillonnaires suivants :
    • chemin de la Carronnerie (repère 4 sur plan en annexe),
    • secteur compris au Nord de l’avenue du Vercors entre le chemin des sources et l’avenue du Taillefer (repère 5 sur plan en annexe),
    • secteur compris au Nord de l’avenue du Granier entre avenue du Taillefer et allée des Verdiers (repère 6 sur plan en annexe)
    • secteur à l’ouest du chemin de la Taillat (repère 7 sur plan en annexe)
  • qui sont classés en zone UC1, UC1a, UC2 ou UD1, et sont donc susceptibles d’y voir se construire des immeubles de type R+ 5 ou R+7 ou 8… difficilement intégrables dans ces zones pavillonnaires.

Enfin, Meylan étant dans un secteur de renouvellement urbain, où dans la plupart des cas les opérations de construction de nouvelles habitations se feront dans un secteur déjà construit, il est indispensable que ces opérations se fassent en concertation étroite avec les habitants vivant à proximité.
Il est prévu page 9 de l’OAP Paysage & Biodiversité Isère Amont, dans le chapitre « recommandations pour une bonne utilisation de l’OAP » en point 3 la phrase suivante :
« je peux me rapprocher de la collectivité pour faire part de mes intentions de projet et échange avec elle »

Nous vous demandons donc d’émettre la réserve suivante sur cette OAP Paysage & Biodiversité Isère-amont en remplaçant la phrase actuelle par la phrase ci-dessous :
« je peux me rapprocher de la collectivité pour faire part de mes intentions de projet, échange avec elle et organise une concertation avec les riverains et les associations de cadre de vie »

 2.  Pollution de l’air et bruit - circulation

Le PLUi répond à cette problématique dans le document spécifique OAP Air.
Nos associations souhaitent que des engagements plus précis soient pris. Une des principales sources de ces pollutions vient de la circulation de transit traversant Meylan.
Nous vous demandons donc d’émettre la réserve suivante sur l’OAP Air en demandant que soit réalisé un plan de circulation limitant la circulation de transit dans Meylan.

L’OAP Paysage & Biodiversité aborde la requalification de l’Avenue de Verdun (page 36) et de l’A41 (page 38).
La fiche sur l’avenue de Verdun ne met pas en avant dans le texte la nécessité d’améliorer les traversées de cet axe par les piétons et les cycles pour faciliter les échanges inter-quartiers en modes actifs et pour améliorer la sécurisation de ces traversées.
La fiche sur l’A41 se « contente » d’aborder le traitement paysager des abords de l’A41. Il est nécessaire que cette partie de l’autoroute (depuis échangeur avec la rocade sud) soit transformée en boulevard urbain, avec réduction des vitesses, traversées piétons et cycles facilitées, notamment pour la liaison avec le parc de l’Ile d’amour, les berges de l’Isère et le Domaine Universitaire.

Nous vous demandons d’émettre les réserves suivantes sur l’OAP Paysage & Biodiversité

a) Remplacer dans la fiche sur l’avenue de Verdun la phrase
« Redonner une échelle humaine et un caractère urbain à l’ensemble de l’axe par une diminution de la largeur de voirie enrobée dédiée à l’automobile et une redistribution de cette largeur au profit des cycles et des piétons. »
par
« Redonner une échelle humaine et un caractère urbain à l’ensemble de l’axe par une diminution de la largeur de voirie enrobée dédiée à l’automobile, une redistribution de cette largeur au profit des cycles et des piétons, et par une amélioration des traversées de cet axe par les piétons et les cycles. »

b) Rajouter dans la fiche A41 un premier item « Transformer l’A41 en boulevard urbain entre la rocade sud et le rond-point de la Carronnerie » avant l’item « Atténuer l’empreinte de l’A41 tout en préservant des vues »

3. Ville nature

Le plan de zonage prévoit qu’une partie importante de la commune soit classée en zone UC1, UC1a ou UC2. La hauteur des bâtiments (R+5) en UC1 et UC1a peut être augmentée sur les parcelles proches de l’axe de la ligne C1, jusqu’à R+9 (exemple de la parcelle PLM).
Cette augmentation de hauteur, prévue dans le cadre de la carte d’intensification urbaine, doit être compensée par une augmentation du coefficient de pleine terre, nécessaire pour conserver l’ambiance « ville-parc ».

Nous vous demandons d’émettre la réserve suivante :

  • augmenter de 30 à 40% le coefficient de pleine terre dans les zones classées UC1a (Buclos, Grand-Pré, nord d’Inovallée),
  • créer une zone UC2a pour le quartier des Béalières (actuellement classé en zone UC2), afin d’augmenter le coefficient de pleine terre à 30% (de la même manière qu’a été créée une zone UC1a avec un coefficient de pleine terre renforcé par rapport à une zone UC1).

La préparation du PLUi a été l’occasion d’un travail de constitution/mise à jour d’éléments comme les haies, les sentiers, les arbres, les trames vertes et bleues…

  • Les espaces Boisés Classés (donc protégés) ont diminué depuis 2008. En 2012 le PLUi a classé davantage d’arbres isolés en « arbre isolé EBC ». La conséquence a été qu’aujourd’hui, les arbres « ordinaires », mal protégés, ne cessent de disparaître sur notre commune.
  • Dans le projet de PLUI 2019, nous notons que :
    • certains espaces verts tels que les arbres autour du LCR du Petit Bois ne sont pas identifiés,
    • les haies et les sentiers n’ont pas de statut particulier dans le PLUi
    • des trames vertes et bleues sont identifiées dans le PLUi, mais elles doivent être complétées sur les quartiers Buclos, Mi-plaine, Haut Meylan, Béalières, et il n’y a pas de trame verte au Charlaix !

Ces éléments naturels qui font l’identité de Meylan sont aussi des trames vertes qui contribuent à la réalisation de corridors écologiques. Ils doivent être reconnus et portés au PLUi.

Nous vous demandons d’émettre une recommandation pour que ce travail d’identification soit complété en association avec les associations d’habitants et du cadre de vie.

Le PLUi prévoit trop de peu de cônes de vue sur les montagnes.
Par exemple, il n’y a pas de cône de vue prévu sur la Chartreuse sur la partie urbanisable du terrain de la Faculté de Pharmacie.
Nous vous demandons d’émettre une réserve afin que ces cônes de vue soient identifiés autour de ce terrain.

Enfin, la zone du bas Charlaix, le long de la RD11M, est une zone urbanisable dans le PLUi.
Cette zone humide est un refuge de biodiversité et doit rester non constructible.
Nous vous demandons d’émettre une réserve afin que cette zone classée AU soit classée N

4. Equipements publics
Les équipements publics ne sont pas repérés sur les cartes du PLUi.
C’est un manque. Les équipements communaux pourraient être cartographiés, comme aide à l’aménagement.
Nous vous demandons d’émettre une réserve afin que le PLUi intègre une cartographie de ces équipements publics.

5. Economie
Le PLUi préconise la sanctuarisation de toutes les zones économiques car le foncier économique se raréfie au profit de l’habitat.
L’urbanisation des zones économiques est en contradiction avec cette orientation. Le PLUI prévoit pourtant la mutation du Nord Ouest d’inovallée, et celle de la parcelle du projet PLM. Aujourd’hui cette parcelle située à l’angle de l’avenue de Verdun et de l’avenue du Vercors est une zone entièrement économique. Le PLUi prévoit la requalification d’environ la moitié de la parcelle en zone résidentielle pour la construction de logements :
Il faut que la transformation d’une zone économique en une zone d’habitation soit compensée par la création de surfaces équivalentes ailleurs sur la commune. Des entreprises doivent pouvoir continuer à s’installer à Meylan pour que les habitants puissent travailler à proximité de leur lieu d’habitation.
Or, à ce jour, aucun bilan n’a été réalisé sur l’évolution du nombre de m² de bureaux disponibles sur Inovallée.
Afin de respecter l’orientation forte du PADD « sanctuarisation des zones économiques », nous vous demandons d’émettre la réserve suivante « le terrain dit PLM doit rester classé en zone économique, tant que l’augmentation du nombre de m² disponibles sur la zone d’activités Inovallée n’aura pas compensé la disparition des m² dédiés à l’économie sur le terrain de PLM.

6. Stationnement

Dans le PLUi, le nombre de places de parking est fonction du type de logement. Par exemple, pour les logements sociaux type PLAI, aucune place de parking n’est prévue dans la plupart des quartiers d’habitat collectif.
Le stationnement pose déjà problème aujourd’hui à plusieurs endroits dans Meylan : par exemple pour les programmes immobiliers construits récemment le long de l’avenue du Granier. Certains parkings (place des Tuileaux, mairie…) servent pour partie de parkings relais pour des utilisateurs de la ligne C1 qui viennent du Haut-Meylan ou des communes limitrophes.

Dans les logements à venir, avec la réduction légale drastique des parkings (notamment pour les logements sociaux), la question du stationnement va devenir cruciale. Il faut que le PLUi réponde à des besoins aujourd’hui sous-estimés :

  • il faut rétablir l’obligation de places de parking pour les logements sociaux. La mesure actuelle est inéquitable
  • il faut prévoir une transformation à terme de l’usage d’une partie des places de parkings, lorsque la demande aura baissé.
  • il faut inscrire dans le PLUI des incitations précises pour créer des places d’auto-partage dans les nouvelles constructions.
  • il faut également prévoir la mutualisation de parkings comme c’est le cas par exemple entre la Société Générale et l’Hexagone, et préserver ces parkings existants (risque de disparition avec l’urbanisation probable du terrain de la Société Générale).
  • il faut créer des parkings relais à proximité de la ligne C1, en dessous de Décibeldonne, par exemple.
  • il n’est pas prévu d’obligation de places de parking vélo pour les visiteurs (devant les nouveaux bâtiments par exemple). C’est un manque.

Nous vous demandons d’émettre une réserve sur le nombre de places de stationnement pour les logements sociaux.

Un point qui concerne spécifiquement la zone Inovallée :
Cette dernière est classée dans l’atlas de stationnement comme éloignée des transports en commun. Cette erreur manifeste doit être corrigée dans le PLUi.
La zone située entre l’avenue du Granier/avenue des 4 chemins et le chemin du vieux chêne classée actuellement en S4 (« Coeur Métropolitain - éloigné des réseaux structurants de transports en commun et des axes Chronovélo » doit être reclassée en zone S2 « Coeur Métropolitain – 500 m autour des arrêts de transports en commun en site propre et des principales gares » ou S3 « Coeur Métropolitain – 200 m autour des arrêts de transports en commun à forte fréquence, des lignes rapides périurbaines ou des axes Chronovélo », du fait de la proximité des lignes Chronobus C1, de la ligne 6070 et de la Chronovélo passant le long de l’axe C1.

Nous vous demandons d’émettre une réserve forte sur le classement en zone S4 de cette partie d’Inovallée
Nous vous demandons d'émettre une recommandation pour que sur les projets de ce secteur, les promoteurs travaillent avec les collectivités locales sur une mutualisation de tout ou partie de leurs places de parking.

Annexe - extrait du zonage de la commune de Meylan

Avis PLUi Plan 1

Avis PLUi Plan 2